Apres un dernier repas (copieux) avec mes amies espagnoles, je quitte Kolkata un peu barbouille. Je prend le train en soiree pour un peu plus de 24h d'un voyage avec correspondance dans le Madhya Pradesh, un des plus grand etat d'Inde. Les heures defilent. Le voyage s'avere epuisant, ma sante sur la mauvaise pente, le moral atteint. Les dernieres heures sont une lutte, je frissonne de froid, je suis fievreux, mon estomac me triture. Nerveux, un brin irritable, chaque bruit renforce mon mal de tete. J'en ai marre de ce pays si complique. J'arrive finallement vers 21h a Umaria, ville ferroviaire la plus proche de la reserve. Nuit noire, pas d'activite. Mon guide ne decrit pas cette ville, pas de carte. Je chercher desesperement un hotel en priant pour qu'il ne soit pas trop 'local'. Chambre propre, tarif correct, mais toilette indienne (turc), j'accepte. La nuit sera toute aussi longue. Fievres et cauchemars, accompagnees d'une diahree me reveilleront toutes les heures. Allite le lendemain, je me reposerai, le personnel tres serviable m'aidant. 2 jours supplementaires de repos me remettront sur pied. Au cours de ces longues heures (d'inactivite), je reflechirai beaucoup, pensant a ma famille, aux gens que j'aime, multiples questions sur ce voyage, imaginant meme un temps rentrer plus tot que prevu, un desastre pour moi. La douce inspiration d'un mysterieux Phileas Fogg pour moi (ignare), le hasard, m'ont fait acheter a Kolkata, "Le tour du monde en 80 jours" de Jules Verne. La lecture de ce livre passionnant (et de circonstance) m'a beaucoup aide. Denouement agreable. Je me suis un peu reconnu dans ce vaillant et impassible personnage. De nouveau sur pied je reprend la traque.
Je prend un bus local pour la journee afin d'aller dans la localite de Tala, porte d'entree de la reserve. Je trouve une jeep en compagnie d'un couple de jeunes retraites de Washington pour un circuit dans l'apres-midi. Nous verrons des paysages magnifiques,quelques dains, des vautours, des sangliers, des elephants (non sauvage), mais pas la moindre trace du celebre tigre.
Decu mais pas abattu je decide de rester sur place pour la nuit (sachant que je paye deja l'autre chambre), et de retenter ma chance demain. Je trouve une chambre bon marche et m'endort en revant au felin. Au petit matin, je retrouve le couple d'americains. 6h30, nous entrons a nouveau dans la reserve avec le conducteur de la jeep et le guide. Une vingtaine de vehicules sont la aussi pour tenter leur chance. Au fil des croisements la troupe se disperse. Nous sommes seul. Calme apaisant. Emmitoufles dans nos couvertures, le froid nous pique les yeux. Le jour se leve. La brume s'efface a chaque nouveau rayons du soleil. L'atmosphere se rechauffe, la foret se reveille au chant des animaux. Notre guide s'excite, il vient d'apercevoir sur le sentier des empreintes de tigre. Nous preparons nos appereils photos, quand soudain : "Tiger, Tiger, Tiger"...
Nous eclatons de rire, le guide penaud s'excuse. En fait, il s'agit d'un simple dain tachete. L'americaine me glisse a l'oreille que l'on est pas pres de voir un tigre avec un guide pareil. Quelques minutes s'ecoulent. J'equarquille les yeux pour rechercher en vain une fourrure raye a travers les branchages. Est ce que ces derniers jours penibles ne pouvaient etre recompenser ? Mais c'est ainsi l'Inde est parfois cruelle.
Avant meme que son nom soit prononce je le vois. Le Tigre du Bengale. Elle, car il s'agit d'une femelle, traverse paisiblement, un brin nonchalante, notre sentier. Je n'en crois pas mes yeux. Impassible, sans meme se soucier de nous, elle passe sur notre droite a quelques metres, puis s'enfonce aussi vite qu'apparut a travers le feuillage.
L'emotion, la rapidite de l'instant me permettront de prende qu'un seul cliche (assez mediocre), temoin de mon experience.
L'Inde sait aussi parfois etre sublime.
2 commentaires:
C'est avec plaisir que l'on a repris la lecture de ton aventure .
Cet article est particulierement émouvent, il rétrace les deux extrèmes de ton périple. Aujourd'hui, il ne te reste plus que quelques jours en Inde, une page de ton voyage va se fermer vers une autre qui s'ouvre vers de nouvelles découvertes de lieux , d'hommes , de cultures qui vont enrichir le routard que tu es.
Allez bon vent et à bientôt.
Bisous
Je lis avec un peu de retard ton commentaire.
J'y avait mis effectivement beaucoup d'emotion car j'ai touche des extremes.
Merci a toi de l'avoir ressentie ... et exprimée.
Le routard continu.
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